Il y a un verset incroyable, impossible, fou, au chapitre 9.15 de l'Épître aux Romains, dans la fameuse « introduction pathétique » concernant « le rejet d'Israël ». Paul, qui juste avant (8.39) venait d'assurer que rien ne pourrait le séparer du Christ, affirme maintenant qu'il serait prêt à être « anathème et séparé du Christ » si cela pouvait sauver ses frères. Renoncer au Christ pour amener des gens au Christ ! Refuser son salut pour assurer le salut des autres ! Se séparer de l'amour de Dieu par amour pour les autres ! Se damner à la place d'autrui ! Ca, c'est du putain de Dieu de christianisme - et le seul qui vaille.
Il n'est pourtant pas le premier à le faire. Déjà Moïse, après l'épisode du Veau d'or, avait plaidé la cause de son peuple auprès de Yahvé, allant jusqu'à s'offrir en sacrifice pour celui-ci : « S'il te plaisait, pardonne leurs péchés. Sinon, efface-moi, de grâce, du livre de vie. » (Exode 32, 33). Sauve mes amis ou annihile-moi. Ca, c'est envoyé, Moïse ! Et Yavhé, finalement plus purgatoire qu'enfer, agréera sa demande. Moïse en sera quitte pour quarante jours et quarante nuits de prosternation devant lui puis retournera chez ses sauvés. Dieu est bon et miséricordieux et quand il utilise le mot de l'enfer, ce n'est jamais que comme arme de dissuasion.
Et là, les catéchistes se tordent de rage, tout à leur enfer moral et punitif.