Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Pierre Cormary - Page 215

  • Perspectivisme et pensées dures II - PACTE FAUSTIEN

    nietzsche,thomas mann,docteur faustus

     

    11 – Pacte faustien.

    « Hé quoi, cela ne signifie-t-il pas, pour parler vulgairement, que vous réfutez Dieu, mais non le diable ? » Au contraire ! Au contraire, mes amis ! Et qui diable vous force à parler vulgairement ! – » (§ 37).

    Nietzsche aurait-il réfuté le diable… ou fait un pacte avec lui ? Bien que les questions théologiques n’aient plus cours à notre époque (ce qui est bien dommage, car elles résoudraient nombre de problèmes politiques, sociaux et privés), on peut se demander si tout le drame moral et philosophique de Nietzsche ne réside pas dans une tentation maligne. Les biographes s’accordent à dire qu’il fut toute sa vie obsédé par les choses lucifériennes, l’enfer, la damnation, l’antéchrist. Enfant, il prétendait que la Trinité ne regroupait pas le Père, le Fils et le Saint Esprit, mais le Père, le fils… et le Diable ! C’est que Satan, saint Satan, donc, devait être celui qui réconcilierait la vie avec elle-même. Et Dieu ne serait vraiment glorieux que lorsqu’il aurait réintégré l’enfer à son paradis – c’est-à-dire lorsqu’il aurait cessé de couper la réalité en deux, et que l’affirmation (divine) de la vie serait totale. Non plus, donc, "vie et vérité", mais "vie et totalité".

    Après tout, le diable fait partie des plans de Dieu (relire Job). Dans le Faust de Goethe, que Nietzsche devait connaître par cœur (mais que bizarrement, il cite peu, sans doute pour se préserver d’une source trop évidente), on le voit même chargé de mission par le Seigneur. Ce dernier trouve en effet que l’homme a trop tendance à paresser, et qu’il lui faut de temps en temps un aiguillon pour le pousser à l’action. Le diable est cet aiguillon idéal :

    « Le courage de l’homme est prompt à s’assagir,

    Il aime le repos, la paresse éternelle...

    Je lui ai donc donné ce compagnon fidèle,

    Le Diable, qui l’agite et le force d’agir. » [1]

    L’action comme volonté divine et comme instinct diabolique, on ne fait pas plus syncrétique !

     

    Lire la suite

    Lien permanent Catégories : Nietzsche Pin it! Imprimer