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2020-2021 Shakespeare à l'heure de la covid - Page 12

  • JULES CÉSAR ou Actes, actes...

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    Toutes les illustrations sont tirées de la série Rome produit par HBO entre 2005 et 2007 et qui est, faut-il le préciser, hautement recommandable.

     

    Par définition, la tragédie est réactionnaire. Elle joue le réel contre l’idéal, la catastrophe contre l’utopie, le hasard ou le destin contre la dialectique. Elle nie le travail du négatif et ridiculise les ruses de la raison. Elle rend les choses irrécupérables, innommables, intenables. Politiquement décevante et moralement désespérante, elle contrarie toujours celui qui croit qu’il suffit d’agir pour changer la donne de l’Histoire et qui finit broyé par elle. Sorte de personnage à la Minority Report avant la lettre, Brutus veut tuer César pour empêcher le mal que celui-ci pourrait faire, une fois devenu empereur. Hélas ! Le crime n’est jamais un sacrifice mais toujours un scandale, même dans la Rome antique. Et c’est tout l’art de celui qui se définit lui-même comme « l’ami de tous », Antoine, de transformer l’un en l’autre dans son discours célèbre. « Vous, Brutus, donnez les mauvais coups avec les bonnes paroles », dira-t-il au conjuré, sous-entendant que lui, Antoine, donne les bons coups avec les mauvaises paroles (qui sont évidemment excellentes, mais pour convaincre les autres, il faut toujours commencer par dire qu’on n’est pas au niveau). Plus que le drame de l’opinion retournée comme un gant auquel on le confine habituellement, Jules César serait plutôt le drame de la parole plus forte, plus effective, plus opératoire que l’acte. Non plus « paroles, paroles », mais « actes, actes ».

     

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