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Pierre Cormary - Page 291

  • 10 - Race et culture

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    « Rien ne me fait plus horreur que le mot de Maurras selon lequel aucune origine n'est belle, mot d'ailleurs surprenant chez un farouche défenseur de la tradition. Pour moi, toute origine est belle. Qu'il s'agisse d'une liaison amoureuse ou d'une révolution politique, tous les commencements sont beaux. C'est ensuite que cela se dégrade. »

    Et donc, les Indo-Européens (qui n'ont rien à voir avec les Aryens, précise-t-il) seront beaux et leur hiérarchie sociale encore plus belle, car « le contraire des valeurs marchandes ».

    Est-ce parce que je suis un bourgeois dans l'âme que j'ai toujours un peu de mal avec la beauté des castes, les vertus du potlach et les émissions de Frédéric Lopez ? Les valeurs marchandes, c'est aussi ce qui permet de survivre et moi je suis très content quand l'argent circule autour de moi et que le marché se porte bien. Car ainsi, j'en profite et peux alors tout à mon aise me pencher sur l'inanité des choses, comme disait un personnage de Grand d'Espagnol de Claire Bretecher.

    Quoiqu'il en soit, Deub's se découvre anti-scientiste et anti-positiviste, c'est-à-dire anti-raciste, le scientisme positiviste conduisant, comme on l'a déjà dit, naturellement au racisme. Ce qui est vrai mais qui pose tout de même de petits problèmes de méthode puisqu'on a l'impression que c'est pour des raisons « réflexives » et non morales que Deub's récuse le racisme (genre « les études ont montré que le racisme était une absurdité » - mais quelles études, d'abord ? Celles des anthropologues blancs ? Admettons. Mais si elles avaient montré le contraire, les études, alors ? Car je ne veux pas faire mon sceptique populo, mais les études, les études, c'est comme les chiffres, on leur fait dire ce qu'on veut....). On dirait que Deub's attend que la science lui prouve l'infamie du racisme. Mais la science a été un temps tout aussi raciste que toi, Alain.

    Non, lui, à cette époque, se réclame d'un « antiracisme différencialiste », d'ailleurs racialiste. Les races existent bel et bien, argue-t-il, « et l'on doit s'en féliciter, car c'est le polymorphisme de notre espèce qui en fait la richesse. » Je veux bien, Alain, mais les races, les races.... Lesquelles ? Il y a en plusieurs ? Et si oui, combien ? Et de quelles sortes ? Là-dessus, mystère et boules de gommes. Pour le reste, on est d'accord : le racisme est un ethnocentrisme essentialiste qui soit rabaisse la différence ou la hiérarchise (racisme de droite) soit l'annule au nom du Même et de fait la nie (racisme de gauche). Quant au phénomène du métissage, « c'est un choix individuel, pas un impératif collectif », donc pas un phénomène. A voir.

     

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    Les lecteurs d'Eléments le savent : la revue traite autant de politique que de biologie qualifiée de « reine des sciences » par Deub's et ses amis. Mhmmh... On risque encore de glisser, là, je sens.

    La théorie de l'évolution, Deub's s'y intéresse depuis toujours car elle permet d'éradiquer l'Unique et de donner la part belle aux origines et à la diversité des forces. Pour dire les choses rapidement, la différence entre l'homme et l'animal, c'est que l'homme est un animal alors que l'animal n'est pas un homme. L'animal, en effet, n'a pas d'histoire, car pas de manque. Alors que du fait que l'homme est un « être de manque », et même une créature « inachevée », non spécialiste de rien, il doit s'adapter à toutes les situations et de fait inventer les cultures qui stabiliseront son « dilettantisme instinctuel ».

    « Il en résulte que la culture n'est nullement le contraire de la nature, mais qu'elle compte bien plutôt au nombre des conditions physiques d'existence de l'être humain. »

    La culture est une émanation de la nature comme la nature est une production sociale.

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    A part ça, Deub's (qui a longtemps fait partie, de la Mensa, cette association des gens qui ont un QI supérieur à celui de 98 % de la population - soit à peu près 140) préfère le caractère à l'intelligence. Un être super intelligent peut être super con. Et un médiocre peut dire des choses justes et vraies. En plus du style qui est ce qui importe le plus. Notons en effet que dans la culture européenne (mais cela pourrait marcher pour toutes les autres), les qualités cognitives ont rarement fait les modèles sociaux. Nous avons toujours préféré au savant fou ou à l'expert en tout le héros homérique, le chevalier féodal, le gentilhomme français, le gentleman anglais, le caballero espagnol, sans compter les saints et les martyrs. L'intelligence, c'est pour les nuls. Pas vrai, Hodor ?

     

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