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Pierre Cormary - Page 327

  • La duchesse, par Anne de Bonbecque


       

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    Femme inconnue, années 30, photographiée par John Deakin


    La duchesse se savonnait sous la douche en chantonnant. Elle aimait que je la regarde, que je reste près d'elle pour la contempler. La toilette comptait parmi les moments clefs de ses journées. Je ne me lavais qu'après elle, rapidement, pour la rejoindre au salon devant une tasse de café.

    Sortant de la douche, je lui tendis sa plus douce serviette rose. Sensuelle et encore humide, elle m'attira près d'elle dans la salle de bain marbrée et se cambra contre le grand lavabo. Elle souhaitait être fouillée. Nul besoin de se parler, il suffisait qu'elle se mette en position pour que je m'exécute. Je trempai donc mon doigt dans un pot de vaseline acheté à Londres et frôlai son anus pour le détendre. Même si elle adorait cette pratique et y était habituée, elle aimait faire comme si c'était la première fois, comme si son petit anus serré redoutait le contact d'un index autoritaire. En s'agrippant à la céramique, elle me traitait de salope, parce que c'était bon. Experte, je cherchais tendrement la prostate de la duchesse, qui gémissait de plus en plus fort. « Arrête de gémir, il n'y a qu'une petite phalange dans ton cul ». Une petite claque sur ses fesses musclées accompagna ces mots.

    Appuyant une main sur sa croupe, je continuais mon exploration digitale, en insérant avec tous les égards dus à la duchesse mon auguste majeur. De sa main droite, la duchesse se branlait nerveusement, et son sperme se répandit par terre. La journée commençait bien.

    « Séraphine ! Séraphine ! »

    La duchesse m'attendait au salon dans son peignoir de satin rose préféré, une tasse de fine porcelaine à la main.

    « Dépêche-toi ma Séraphine, ça va être froid ! »

    La duchesse trônait dans sa bergère beige et ocre. Elle profitait des rayons du soleil sur son visage, humant la fumée du café. « Je vais te lire l'avenir, Séraphine. » Elle avait tenté jadis d'exercer la voyance, alors qu'elle s'appelait encore Benjamin et s'habillait tous les matins en homme. C'est en développant cet art millénaire que Benjamin avait découvert qu'il aurait dû être une femme ou du moins qu'une femme existait en lui. Suite à cette révélation, sa vie avait changé. Il avait estimé que la transformation devait rester raisonnable, qu'il ne ferait pas appel à la chirurgie ni à un traitement hormonal, qu'il resterait un homme aux yeux du monde mais serait la duchesse à la maison. Il équilibrait sereinement sa double identité grâce à moi qui acceptait son originalité.

    Parfois, il se comportait en mâle dominant avec moi, puis il redevenait la duchesse, joueuse et pleine d'humour. Avec ses longues jambes fines, il pouvait porter la mini-jupe sans être grotesque.  Quand il devient la duchesse, je suis sa Séraphine, prénom qu'il avait choisi pour une raison qui m'échappe totalement, mais qui ne changeait pas tellement la femme que j'étais au quotidien. C'était comme un code entre nous pour que je sache si j'étais en présence de Benjamin ou de la duchesse.

    « Chère duchesse, nous sommes le huit du mois. Vous savez ce que ça veut dire. »

    « Oui, je sais, mais je ne sais pas si j'ai envie. Vois-tu, tu m'as fait mal la dernière fois. »

    Elle reposa sa tasse de café, monta le chauffage car elle était frileuse, et mit le Bolero de Ravel pour effectuer quelques assouplissements et autres pas de danse. La duchesse avait une carrure d'homme robuste, capable de déplacer des objets pesant deux fois son propre poids. Quand elle dansait, la duchesse avait des airs de rugbyman en ballerines, ce qui me la rendait d'autant plus émouvante. Le parquet craquait à chaque soubresaut. Elle semblait ne pas l'entendre. Quand Zinzina, la locataire du troisième étage, frappa violemment son plafond à coups de balais, la duchesse s'esclaffa, monta le son du Bolero, et sautilla le plus bruyamment possible.

    « Je vais devoir vous punir, duchesse, du tapage diurne, ce n'est tout de même pas sérieux. »

    Elle fit mine de ne rien entendre, et enfila ses pointes taille quarante-cinq, faites sur mesure en Thaïlande pendant notre dernier séjour. Je craignais toujours qu'elle se blesse. Malgré tout l'amour que j'éprouvais pour elle, il ne me semblait pas que la pratique intensive de la danse classique soit tout à fait approprié. Mais la duchesse avait un fort caractère et se montrait assez butée. Pour me provoquer, elle passa du Bolero à un French-cancan endiablé.

    « Duchesse, la dernière fois, vous vous êtes blessée ! »

    « Ma Séraphine, pourquoi faut-il que tu sois toujours si rabat-joie ! Danse un peu toi aussi ! »

    « Duchesse, je vais chercher le martinet. »

    « Oh non, pas le martinet ! ».

    « Ça va pour cette fois, mais maintenant, asseyez-vous avec moi pour prendre le café. »

    « Il est froid, je n'en veux plus. »

    Boudeuse, elle regagna sa place en resserrant son peignoir.

    « On s'ennuyotte. Quelle ambiance ! Pfiou. On ne va pas rester devant la télé toute la journée, quoi. On ne fait rien. »

    Comme je restais indifférente à ses jérémiades, elle me jeta un regard langoureux et coquin, tout en caressant ostensiblement son pénis sous le tissu satiné.

    « Sont-ce des manières pour une duchesse ! Je vais vous mettre la ceinture de chasteté. »

    « Je fais ce que je veux. Et tu devrais venir poser ta petite bouche sur ma queue. »

    « Après la pesée. C'est aujourd'hui, vous le savez bien. »

    « Pourquoi dois-je toujours payer pour Benjamin qui aime tant les sucreries ! »

    J'apportais la balance dans le salon. La règle était la suivante : un coup de martinet pour cent grammes surnuméraires depuis la dernière pesée. Si un jour elle mincissait, elle pourrait choisir la récompense de son choix. Elle enleva son peignoir et monta sur la balance. Je poussai un cri d'horreur.

    « Duchesse, vous avez pris quinze cents grammes ce mois-ci ! Ça ne va pas du tout ! »

    « Allez, va ! Donne-moi mes quinze coups de martinet qu'on n'en parle plus. »

    Elle prit place les mains écartées sur le buffet, croupe tendue vers moi. Je laissai monter le suspense en prenant mon temps avant de lui donner le premier coup que je décidai léger. Après tout, cette punition n'était qu'un petit jeu mensuel. Je l'effleurais à peine et elle hurlait de toutes ses forces. Peut-être que si je la punissais réellement, elle perdrait enfin un peu de poids. Dans le meilleur des cas, il restait stable, mais jamais elle ne perdait un gramme. C'est que Benjamin et moi étions d'incorrigibles bons vivants.

    Après la punition, la duchesse se vengeait de moi à chaque fois. Plus grande et plus forte que moi, elle n'avait aucun mal à m'immobiliser et me torturer gentiment. Sur moi, elle n'utilisait jamais d'instrument, préférant me pincer, me fesser, me mordiller. Mais les quinze petits coups de martinet avait fâché ma douillette qui s'était réfugiée dans la chambre. Elle s'y habillait. Une jupe de cuir rouge, un bustier noir, un gilet en lapin.

    « Quelle tapineuse tu fais ! »

    « Oh laisse-moi, de toute façon, je suis trop grosse, je suis boudinée dans mon bustier. »

    Je m'approchai d'elle et la serrai contre moi. Nonobstant son accoutrement, dans ses bras, je retrouvais mon homme, son odeur, sa peau, et j'avais envie de lui. Je l'embrassai. Elle se laissa faire et m'attira sur le lit. Elle passa ses mains sous mon pull, tripota mes seins.

    « J'aimerais bien avoir des seins comme les tiens. J'aimerais bien être toi. Alors Séraphine je vais te manger. »

    Elle commença à mordre la pointe de mes seins, mon flanc, en imitant les grognements d'un chien. Je riais mais mon humeur changea quand elle attrapa mon sexe avec ses dents au travers de mon petit string en tulle. Elle serrait suffisamment les dents pour que la pression soit excitante et douloureuse à la fois. J'adorais ça. La duchesse et moi étions deux soumises en perpétuelle négociation. Elle aspirait mon clitoris au travers du tissu. Je contenais mes cris et soupirs, me concentrais pour ne pas jouir trop vite. J'avais surtout envie qu'elle me prenne vite. Elle relâcha mon sexe et me retourna à plat ventre sur la couverture en fourrure. Elle écarta mes fesses et lécha mon anus avec avidité. Elle cracha dessus pour l'humidifier. Je détestai qu'elle y glisse ses doigts, car elle me faisait mal. Je préférai utiliser un chapelet anal pour me préparer. Une à une, elle enfonça les huit boules de la plus petite à la plus grosse dans mon cul. Puis d'un coup ferme, elle le retira, ce qui me procurait toujours une décharge de plaisir. La duchesse n'aimait pas tellement les jouets et estimait que mes doigts la connaissait mieux. Sur moi, l'usage de différents outils lui permettait de ne pas faire immédiatement usage de sa verge moulée par le cuir de sa jupe. Benjamin  me prend toujours sauvagement à sec dans l'urgence du désir, la duchesse au contraire aime les préliminaires.

    Au lieu de me prendre, elle avait envie que je la prenne comme une petite chienne. J'aime l'idée de traiter celle qui reste néanmoins mon compagnon comme une petite chienne. Ma petite chienne de duchesse se positionna alors à quatre pattes. Je léchai ses grosses couilles pourtant vidée une heure auparavant.

    « Arrête de te branler, chienne, et laisse-toi faire. Tu seras prête quand notre invité arrivera. »

    « On attend quelqu'un ? »

    « Oui, une petite surprise. »

    « Dis-moi ! Un homme, une femme ? »

    « Tais-toi. »

    Je saisis le chapelet anal bien lubrifié et enfonçai la première boule dans la béance de la duchesse, qui cria. « Tu me fais mal, salope. » Je pris mon temps pour insérer l'objet. « Tu vas garder ça en attendant notre invité. Je m'installai sur une chaise et contemplai le spectacle de la duchesse les fesses en l'air, jupe retroussée, l'extrémité du chapelet dépassant de son cul qu'elle contractait plus que d'habitude.

    « Reste-là, détends-toi. » Sur ces mots, je quittai la pièce pour prendre ma douche.

    Bien évidemment, elle avait triché et s'était relevée. Je ne pus m'empêcher de rire en la voyant se précipiter dans la chambre alors que je quittai la salle de bain. Je le retrouvai en place, innocente. J'errai dans l'appartement pour savoir ce qu'elle avait fait, et devinai son crime en trouvant en guise de pièce à conviction un petit morceau du carton d'emballage d'un paquet de biscuits au chocolat par terre. Ce larcin était bien entendu inacceptable. Furieuse, j'arrachai le chapelet anal des fesses de la duchesse, qui cria de sa voix d'homme : « Mais tu me fais mal ! »

    « Benjamin, tu as mangé des biscuits en cachette, je ne peux pas laisser passer ça. »

    Un fou-rire secoua nos entrailles. Benjamin m'enlaça avec tendresse, même si le contact de son bustier de dentelle contre ma peau produisait un frottement déroutant. Je le dégrafais pour retrouver l'homme de ma vie en dessous. Il retira la jupe de cuir et me renversa. Il me pénétra tout en relevant mes jambes contre son torse poilu. Quand il me baisait, son visage se déformait. Ainsi, à mille lieux de la duchesse, il prenait des airs d'ours en rûte. Ses expressions effrayantes qu'il ne maîtrisait pas m'excitaient davantage. Son animalité le rendait puissant sexuellement. C'est ce que j'attendais d'un homme, qu'il se prenne pour une duchesse de temps à autre ou non. Tandis qu'il se déchaînait, j'avais le souffle coupé. Il s'abattit sur moi en râlant, mes genoux s'étaient  fichés sous mes côtes. J'étais pliée en deux sous le poids son corps et la violence de ses coups de reins. Le lit bougeait et grinçait. Il brama en jouissant quand mon périnée se contracta en de multiples spasmes. Nous avions joui en même temps, il déposait des petits baisers sur mon visage rougis par nos ébats.

    A peine avions-nous eu le temps de souffler qu'on sonna à la porte, brisant l'harmonie des câlins.

    « On a vraiment un invité ? » Il paraissait inquiet.

    « Non, c'était une plaisanterie. »

    « Le facteur ? »

    « Je ne sais pas. »

    Je m'enveloppai en toute hâte dans le peignoir de la duchesse et consultai le judas. C'était Zinzina du troisième, armée d''un balais, qui jurait d'appeler la police une fois de plus.

    Anne de Bonbecque.

     

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    Retrouvez Anne de Bonbeque dans ses oeuvres, ici.


    PS : sur l'histoire de Francis Bacon en travesti, photographié par John Deakin, voir cet article du Figaro.

     

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