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Platon 2025

  • Platon / Dixsaut II - Parler dans une langue

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    Ready player one (Steven Spielberg, 2018)

     

    4 – Nawak du langage 

    Ce n'est donc ni la télévision, ni les jeux vidéo ni ChatGPT qui abrutissent les consciences mais l'écriture elle-même. Lire empêche de réfléchir, de penser, d'être vrai. Le Logos est d'emblée perverti dans sa lettre. La lettre, sinon la langue, n'est rien d'autre que la chute originelle de l'homme dans l'arbitraire. Nous sommes embarqués dans une âme, un corps, une langue, une « tribu » sans n'avoir rien demandé à personne et il faut se débrouiller avec ça. Peut-on remonter du contingent au nécessaire, de l'opinion à la pensée, de la lettre à l'esprit ? Rien n'est moins sûr. 

    Et d'abord se demander si le langage est naturel ou conventionnel, sacré ou social, transcendant ou « comme ça ». Mots et choses coïncident-ils ? Oui, dit Cratyle dans le Cratyle. Non, dit Hermogène dans ce même Cratyle. L'enjeu est de taille et concerne rien moins que le statut de la réalité. Si les mots sont les choses, alors le réel est logique, nécessaire, nommable. Si les mots ne sont que des signes arbitraires, alors le réel l'est tout autant – donc absolument pas dicible et encore moins jugeable. On pourra dire ce que l'on voudra de n'importe quoi, on sera toujours à côté de la plaque. C'était la critique (déjà !) de Parménide : il n'y a aucune correspondance, aucune justesse (« orthoepeia ») entre les noms et les êtres ; puis celle d'Empédocle : ni naissance ni mort n'existent en soi, ce ne sont que des mots composés à la one again et donnés par des hommes ignorants et inexpérimentés. La réalité est innommable et le langage n'est que que simulacre [ce qu'on appelle le « nominalisme »]. On est obligé de dire n'importe quoi, de penser n'importe quoi, de vivre dans le n'importe quoi. « Aucun mot ne réfère à une réalité ». « Chaque société s'est constitué son langage au petit bonheur ». La « vérité » n'existe pas. Le réel est indicible.

    Autrement dit, c'est le sophiste qui a raison. L'ontologie est un fake. Tout est apparence en ce monde et il s'agit de gérer la meilleure. Si l'on parle d'être, ce n'est que pour de simples raisons pratiques et parce qu'il faut bien vivre – formule qui constitue d'ailleurs la seule philosophie valable, partagée, comme le bon sens, par tous.

    Pour autant, Protagoras se veut rassurant. Rien n'est nécessaire en soi, tout est conventionnel mais cette conventionnalité a une nécessité humaine, culturelle, sociale. « Le signe linguistique n'est pas totalement immotivé, il a pour origine une structure et une tradition sociale particulière. » La seule ontologie, c'est l'anthropologie et c'est déjà énorme.

    Pour Socrate, ça ne suffit pas.

     

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