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épine

  • Bois

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    "Un autre bûcheron avait abattu l'arbre, sans miracle, sans aucun miracle, dégrossi le tronc, coupé les maîtresses branches, écorcé ; une autre hache y avait passé ; d'une autre hache un autre bûcheron avait décortiqué, dépeluré, détaché l'écorce. Sans miracle, sans aucun miracle, par un travail de métier, par un travail normal, professionnel, par un exercice de métier, régulier, par un travail naturel d'homme. Un autre charpentier avait travaillé le bois. Dans quelque marais du Jourdain le roseau était poussé, le sceptre de la dérision, un roseau était poussé, le roseau unique. Le lys des champs ne travaille point. Le roseau des marais, le roseau des eaux dormantes ne travaille pas non plus. Il ne travaille pas de ses mains. Mais de tout son corps, sans aucun miracle, de tout son corps charnel, d'un travail moléculaire infatigable, d'un travail organique périssable infatigable jour et nuit il avait travaillé. Il avait travaillé à croître. Le lys des champs ne file point. Le lys des champs ne file ni ne tisse. Et les oiseaux du ciel ne travaillent point. Mais moléculairement, organiquement, à peine secrètement ils travaillent à croître et à décroître, à naître et à mourir, à devenir, comme tout être, à se nourrir et à dépérir ; et sans aucun miracle, moléculairement, organiquement, nullement, secrètement, suivant la loi commune, accomplissant son travail de métier, comme professionnel, suivant la loi naturelle un roseau unique avait formé, avait poussé sa tige, la tige unique, celle qui ne devait servir qu'une fois, la tige qui un jour, la tige qui une fois, la tige qui devait flageller la face de Dieu..."

    Charles Péguy, Gesthémani.


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