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  • Platon / Dixsaut IV - Essences et formes

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    Série noire (Alain Corneau, 1979)

     

    13 – Essence et âme 

    Tout le monde ne pense pas et même ceux qui pensent ne pensent pas tout le temps. Penser, en effet, c'est se séparer du corps, des sens, des passions, des intérêts (ce à quoi, paradoxalement, nous préparait l'Eros dans Le Banquet : d'abord, aimer les corps, ensuite aimer les âmes ; d'abord aimer les actes, ensuite aimer les connaissances). Penser, c'est se retrouver en son âme propre et se concentrer sur les choses en elles-mêmes. Penser, c'est rechercher de soi-même par soi-même l'essence des choses. Il y a un besoin de l'âme à connaître l'essence des choses, soit ce qu'il y a de plus vrai et de meilleur en elles. L'essence est une nécessité de la pensée – et donc de l'âme. L'essence est une expérimentation de la pensée – et réciproquement. L'âme est donc en contact secret avec les choses. L'âme pense « chaque fois précisément qu'elle se concentre elle-même en elle-même (...) C'en est fini alors de son errance : dans la proximité de ces êtres, elle reste toujours semblablement même qu'elle-même puisqu'elle est à leur contact. Cet état de l'âme, c'est bien ce que l'on appelle la pensée. » (Phédon 79d). Ceux qui ne pensent pas sont ceux qui ne sont jamais en rapport ni avec les choses (ou leurs essences) ni avec eux-mêmes (leur âme.) Un peu ce que disait Pierre Blouque du Frank Poupard de Série noire d’Alain Corneau : 

    « Ce qui arrive à Frank Poupart, le héros de Série noire, est la chose la plus terrible au monde : l'impossibilité d'être sincère. Un mal qui nous touche tous un jour l'autre, et dont il faut s'évader en courant, sous peine d'être dévorés vivants par nos petites comédies minables. Frank, lui, ne vit plus que cela. Ce qui fait de Série noire un récit universel. Les idiots y voient les mésaventures d'un loser-né. Les plus lucides savent que chacun d'entre nous est en lui, par bribes. Et c'est insupportable. Seul l'amour peut nous sauver du Frank que nous sommes. Mais pour Frank, même l'amour ne suffit plus. Il a rompu les ponts avec sa propre définition. » 

    Dès lors, on ne peut plus dire laquelle de l'âme ou de l'essence précède l'autre – et mieux est intérieure à l'autre. Le sensible est en ce sens contredit. Le devenir universel cher aux Sophistes et à Héraclite est brisé – ou du moins ne suffit plus. Que l'âme précède les choses ou le contraire signifie dans les deux cas que l'âme se souvient de celles-ci ou d'elle-même. La pensée s'apparenterait donc à une réminiscence. Bon sang mais c'est bien sûr ! Penser, c'est se ressouvenir. 

     

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    Tous les matins du monde (Alain Corneau, 1991)

     

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