Un des plus beaux textes de Chateaubriand, assez peu connu, est cet Amour et vieillesse, qu'il a composé entre la fin de la rédaction des Mémoires et le début de celle de la Vie de Rancé et qui aurait dû faire partie des premières mais auquel il renonça pour des raisons obscures (de pudeur ?). Retrouvées par Sainte-Beuve, ces quelques pages bouleversantes, dont ce dernier disait qu'elles auraient eues leur place dans Le Cantique des Cantiques, constituent une sorte de confession du dernier amour d'un homme mûr (du moins pour l'époque, 61 ans) et dont celle qui l'inspira reste encore à controverse. S'agissait-il de Hortense Allart (hypothèse Fumaroli) ou de la fameuse "Occitanienne", cette Léontine de Villeneuve, toulousaine de quarante ans sa cadette et avec laquelle il eut une correspondance secrète, puis une nuit encore plus secrète ?
Quoi qu'il en soit, il s'agit là d'un texte incroyable de poésie et de sincérité où le coeur (si souvent dénié à son auteur) se révèle dans sa transparence et sa douleur. Intitulé pendant longtemps et de manière injuste "Confession délirante", celui-ci se lit aujourd'hui comme une esquisse de roman sur la vieillesse de René et dont son auteur avoue dans une lettre à Juliette avoir écrit "comme on se fait saigner quand le sang porte à la tête."
En voici quelques extraits :