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biographie de la faim

  • Jouissances, présences, souffrances.

    amélie nothomb,biographie de la faim,anorexie,violSeuls ceux qui savent rapetisser peuvent entrer au Pays des Merveilles, disait Chesterton. Pour une auteure qu'on qualifierait pour le moins d'égotiste, Amélie Nothomb a reçu des fées ce don de regarder le monde comme une enfant et d'en être émerveillé. Tout, pour elle, est digne d'être regardé et aimé - sauf elle. C'est la différence avec ses paires en autobiographie, les Angot, Delaume and co, et de manière générale, avec ce qu'on appelle les "adultes", ces gens qui sont revenus de tout, qui trouvent à redire de tout, sauf de leurs bons petits sentiments tellement blessés par la vie. Amélie ne trouve à redire de rien, et à rien dire d’elle. Son « je » est un « jouis ». Sa vie sera une suite de jouissances gustatives, théologiques, géographiques : Japon, Chine, New York, Bangladesh. Tant pis pour l'inégalité sociale, tant pis pour les pauvres et les lépreux. Aux yeux d'une gosse de huit ans, la vie est une liesse permanente : les grattes-ciel comme les bunkers, les dictatures communistes comme les famines, les soirées à Brodway comme les araignées dans la cellule. Biographie de la faim est un voyage au bout de la nuit étoilée.

    "Là où il n'y a rien, j'implore qu'il y ait quelque chose » dit-elle leibniziennement. Sa surfaim est une surfaim de présences. Car c’est ce qui est là qui donne du plaisir. Et c'est le plaisir qui donne la connaissance. Jouir, c'est comprendre, disait déjà Claudel.

    Comme d'habitude, chez elle, la première jouissance est alimentaire. C'est dans les papilles excitées par le chocolat blanc ou la chair d'oursin que le Logos se met en branle. Du reste, l'homme a eu tout de suite l’envie de se représenter les bons mets qu'il dégustait. Et la belge de damner le pion à cette croyance toute marxiste qui dit que l’on est d'abord attaché à ce qui fait vivre plutôt qu'à ce qui fait jouir. La vérité est que « l'esprit humain préfère glorifier les ortolans et le homard plutôt que le pain auquel il doit la vie. » Ingrate Amélie qui va bientôt glorifier l'alcool qui l’enivre plutôt que le lait qui l'a nourri. A la passion de l’alcool s’ajoute la passion de l'eau - étonnante potomanie qui tourne à l'expérience mystique : "L'eau avait le goût de pierre de la fontaine : c'était tellement bon que j'aurais crié si je n'avais eu toujours la bouche pleine. (...) Boire était la prière, l'accès direct au sacré."

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