35 – Impur et impair
Paradoxe : Platon place le bien plus haut que tout, il est « le premièrement ami » (« prôton philon », Lysis 219c), le feu sacré comme dirait Cécile Guilbert, mais ne le définit jamais en tant que tel. On ne sait pas vraiment ce que c'est. Pire, il dépend de ses « usagers ». Tout le monde tend vers lui mais à chacun le sien. Ainsi, le bien des « raffinés » n'est pas celui du peuple. Mais même les « raffinés » (les philosophes) ne sont pas d'accord entre eux : pour les uns, les platoniciens, le Bien, c'est la vérité. Pour les autres, les « nietzschéens » (antiques ou modernes), le Bien, c'est la vie – et la vie a autant besoin de vérités que d'illusions vitales. Mais là aussi, tout se complique, se mélange : par exemple, le philosophe dénonce le plaisir de vivre au nom de la pensée (Philèbe) – sauf qu'il y a bien un plaisir de la pensée. Et dès lors qu'il y a plaisir, il y a vie. Donc, penser, c'est vivre. On croyait se débarrasser du plaisir, on l'entérine encore plus. Et puis où commence la pensée ? Où finit la vie ? Etc.